Bebop Loneliness

Trouvez-moi un homme qui vit seul
et dont la cuisine est propre en permanence,
et neuf fois sur dix je vous montrerai
un homme tout à fait détestable
Charles Bukowski
Olivier Bonhomme, a bon artiste est une personne solitaire, ou est-il toujours par entouré plein de gens?
Je pense que c’est un mélange des deux. On ne peut pas créer décemment si on ne retrouve pas seul à un moment, et on a toujours besoin des autres. C’est le paradoxe de Kant : l’insociable sociabilité de l’être qui caractérise le mieux le “bon artiste” selon moi.
L’acte de créer est naturel, instinctif. C’est un acte hors-du-réel et dans-le-réel, une respiration. On est seul, puis on se tourne vers les autres, et ainsi de suite.

Quelles sont les limites entre la solitude et la folie?
Il n’y a pas de limites à la folie. Elle peut venir de partout, et elle est nécessaire. Ce n’est pas la solitude qui est dangereuse dans la démarche de création, c’est le rythme de vie, les habitudes, la difficulté de vivre le métier sainement.
Aujourd’hui, même si ce n’est pas une véritable interaction humaine, les réseaux sociaux nous rattachent en permanence à notre famille, nos amis, notre communauté. Tout ça n’est pas virtuel. C’est aussi réel que les images que l’on crée sur un écran et qui nous font vivre car c’est notre métier.
Il n’y a plus de frontière aujourd’hui entre folie, solitude et réel. Tout est mélangé en une sorte de charmant bordel. Une boule de laine dont on démêle patiemment les fils en continuant de créer, toujours.
Ton premier croquis:
Je ne sais pas… Surement un voilier !

Quelque chose à propos de tes artistes de référence:
Deux des artistes qui m’ont le plus marqué et influencé sont Jean Giraud — Moebius — et Nicolas de Crecy. Il y en a tant d’autres, des classiques et des contemporains, mais en matière de dessin pur, ces deux là ont hanté mes crayons pendant toutes mes études. Pourtant dans des styles très différents il se dégage une aisance et une fragilité de leur trait et surtout de leur imaginaire qui me fascinent toujours. Nicolas de Crecy dans sa manière de créer une narration onirique, folle et tragicomique, servie par un dessin virtuose et tremblant. Moebius dans l’effervescence organique de son imagination, comme vivante en dehors de la feuille…
Pour revenir au mot “folie”, je crois que le travail de ces deux là le reflète de la plus belle manière. Ce sont mes maîtres à penser.
Est-ce qu’il y’aura toujours ceux qui écoutent du jazz?
Le jazz est intemporel. Il existait bien avant King Oliver et sera encore là bien après nous. C’est un état d’esprit, un acte de liberté créatrice qui est existe depuis la nuit des temps. Donc, oui, il y ‘aura toujours ceux qui écoutent du jazz… Et je pense que les amateurs de bebop sont encore très nombreux!

Penses-tu qu’aujourd’hui un artiste peut faire à moins facilement des réseaux sociaux, comme dans le passé, et voir son oeuvre conquérir millions de fans?
Evidemment. C’est aussi ce qui m’est un peu arrivé. Internet est une vitrine incroyable, et les reseaux sociaux un outil indispensable. C’est fulgurant, tout peut aller très vite. En un instant, une série d’image peut faire le tour de la terre et être vue partout, c’est fascinant. Mais le revers de la médaille est qu’on ne sait jamais combien de temps cela va durer. Et il ne faut pas se “perdre” dans le labyrinthe d’une communauté virtuelle. Il faut la cultiver comme un jardin, mais ne jamais s’y perdre.
Un souvenir de ton passé:
Je me souviens de ce concert sous les étoiles quand j’avais 16 ans. Un solo de sax envolé dans une nuit d’été, comme un chant tribal venu des profondeurs de la terre qui allait s’évanouir dans l’ether du soir, porté par le chant des grillons… Ha !
Thanks















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Quel style ! J’adore !
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